C’est aux Antilles que Christophe Colomb débarque en 1492 en découvrant l’Amérique. Pendant des siècles, les puissances coloniales européennes s’affrontent pour la conquête de ce chapelet d’île qui, du nord au sud, s’étire sur plus de 4 000 kilomètres. Mais les conquérants espagnols abandonnent aux Anglais et aux Français les petites Antilles au profit des grandes contrées, plus vastes et plus riches…
Aux portes du continent américain, cette société à mi-chemin entre socialisme et capitalisme a su préservé les vestiges d’un passé singulier. A l’instar des colonies insulaires, Cuba s’est développée dans la douleur, dans l’antre de l’occupant espagnol pendant plus de 4 siècles. Ses forteresses, ses palais et autres églises s’allient pour témoigner d’un passé houleux marqué par l’exploitation coloniale d’une industrie sucrière puissante et fructueuse. Après avoir chassé les colons espagnols en 1898, le pays a été occupé par les Etats-Unis jusqu’à l’indépendance en 1902. A partir des années 1930, l’industrie du tourisme décolle. Les Américains sont attirés par le climat et le côté bon marché de cette île paradisiaque. Près d’un siècle plus tard, l’île revient aux devants du tourisme mondial. Envisager un séjour à Cuba, c’est se confondre dans son histoire, s’emballer dans ses clichés et accompagner sa mutation… La plus grande des îles Caraïbes vous réserve des surprises contrastées qui donneront une allure autre à vos vacances aux Caraïbes !
Au nord des Antilles, au cœur d’une mer cristalline à la confluence du golfe du Mexique, de l’océan Atlantique et de la mer des Caraïbes émerge l’île de Cuba. Ici, le temps semble s’être figé. Ses cigares et ses vieillies voitures, son rhum et sa salsa vous envoûteront dans un creuset multiethnique au carrefour d’influences espagnoles et africaines. Mais depuis plus de 50 ans, ce ne sont pas vraiment la culture et l’hétérogénéité démographique qui singularisent la plus grande île des Antilles, mais plutôt la politique. Lors de vos vacances à Cuba, vous croiserez des références anticapitalistes à chaque coin de rue, et les portraits des frères Castro et de Che Guevara ne sont jamais bien loin. En 1959, Fidel Castro fait de l’île le laboratoire d’un communisme marqué. Cuba devient alors l’ennemi du monde capitaliste et plus particulièrement du voisin américain. Deux ans après son arrivée au pouvoir, Cuba connait un embargo qui lui sera fatal à bien des égards. Aujourd’hui, le régime est à un tournant. Il lui faut façonner un meilleur avenir pour son peuple, lui offrir de nouveaux espoirs, et écouter les revendications d’une population qui redécouvre depuis peu le monde extérieur. Si Fidel Castro demeure le héros national, c’est son frère Raul qui tient les rênes du pays pour le mener sur la voie d’un socialisme rénové. Depuis que Raul Castro a ouvert ses frontières au monde occidental, le pays fait peau neuve et se transforme peu à peu en nouvel eldorado touristique. Cap sur Cuba, cigare au bec, au gré des envolées endiablées de la salsa…
Cuba: Généralités naturelles et démographiques
Avec une superficie totale de 110 860 km², Cuba s’impose comme le plus grand Etat insulaire des Caraïbes. A l’est du Mexique, à l’ouest des îles Turques et Caïques et de la Jamaïque et au sud des Bahamas et des USA, Cuba est une nation à part dans l’échiquier international. Ses relations houleuses avec l’Occident et l’embargo imposé par les Etats-Unis ont façonné l’histoire contemporaine de ce dernier bastion d’un certain communisme. Le pays compte quelque 11,3 millions d’habitants, dont près du tiers vivent à La Havane, capitale mondialement réputée pour ses cigares, ses concerts de rue et son architecture coloniale. L’archipel est formé par l’île de Cuba, plus grand île des Antilles, l’île des Pins (aujourd’hui « île de la Jeunesse) et quelque 1 600 îlots peu habités. L’entrée de la baie de Guantanamo est occupée pour certains, louée pour d’autres par les Etats-Unis qui y maintiennent une base navale d’envergure et surtout le camp de détention éponyme. Cette vaste étendue insulaire est louée par un « bail perpétuel » contre la modique somme de 4 085 dollars par an. Depuis son arrivée au pouvoir, Fidel Castro a systématiquement refusé tous les encaissements, considérant la présence américaine comme un acte d’occupation.
Le dernier recensement de la population a fait état du premier « décroissement naturel » de l’histoire contemporaine de Cuba. En effet, la population cubaine a régressé de 0,3% (10 000 habitants entre 2002 et 2016), et le pays entre dans la 4e étape de la transition démographique qui se traduit par un vieillissement accéléré de sa population. Ainsi, l’âge médian se stabilise à 40 ans et la proportion des 15-64 ans passe à 69%. Si la composition ethnique est hétérogène dans l’absolu, elle fait état de la domination des blancs (65%), suivis par les métisses (25%), les Noirs (9%) et les Chinois (1%). En dépit de l’embargo américain et d’un budget étatique plutôt faible, les Cubains bénéficient d’un système de santé performant marqué par un taux très élevé de médecins par habitant (1 médecin pour 167 habitants), un programme minutieux de vaccination obligatoire et surtout une couverture santé qui n’a rien à envier à celle des grandes puissances mondiales. Le taux de mortalité infantile est même plus bas que celui des Etats-Unis, et l’espérance de vie est relativement élevée (78 ans). Ce tableau est noirci par un taux élevé de suicides (le plus élevé de l’Amérique latine).
Tourisme à Cuba : la dernière carte du communisme castriste ?
Depuis sa naissance, le régime instauré par Fidel Castro est menacé de tous les bords, et les Etats-Unis entendent bien le faire plier. L’île n’est qu’à 150 kilomètres des côtes de la Floride. Pourtant, tout un monde les sépare… Dès 1962, les USA décrètent un embargo total sur Cuba. Il est toujours en vigueur malgré quelques assouplissements notables, ce qui en fait le blocus le plus long de l’histoire moderne. Fidel Castro s’allie alors à l’URSS qui fournira à l’île nourriture, pétrole, médicaments et armes pendant plusieurs années. Pour Cuba, c’est alors une période faste. Tout est gratuit, de la santé à l’éducation en passant par les activités culturelles. L’idéal socialiste semble aller sur de bons rails, du moins jusqu’au début des années 1990.
Alors que le bloc communiste se fissure, Cuba et son peuple se retrouvent seuls, isolés dans la mer des Caraïbes en face du géant américain. Le destin de l’île s’assombrit et le régime devient adepte de l’improvisation. C’est le début de ce que Fidel Castro a appelé « la période spéciale » ou, en des termes plus rationnels, l’Etat d’Urgence. Privés du pétrole soviétique, l’agriculture et le transport sont paralysés. La malnutrition touche les Cubains et le pays s’immobilise. Castro doit alors trouver une nouvelle manne pour sauver le communisme. Pour importer des biens, il faut des devises. Il décide donc de capitaliser sur la beauté de l’île pour l’ouvrir au tourisme international.
Pour la première fois depuis des décennies, les locaux côtoient des étrangers venus goûter aux joies des vacances à Cuba. En réalité, le pays n’est aucunement préparé à accueillir des touristes : les restaurants sont peu attractifs, les épiceries pauvrement achalandées et les hébergements quasi-inexistants… Le gouvernement réécrit alors les lois sur la propriété privée, autorisant les Cubains à ouvrir des restaurants privés… chez eux ! Aujourd’hui, Cuba accueille quelque 3,5 millions de touristes chaque année, principalement des Américains en provenance du Canada (les vols touristiques étant pour l’heure interdits entre les USA et Cuba). Le pays fait donc mieux que le Qatar, la Nouvelle-Zélande ou encore le Costa Rica, rien que ça ! Le rapprochement avec les Etats-Unis a profondément impacté l’industrie touristique. Cette dernière a en effet crû 4 fois plus vite que le reste de l’économie. C’est donc le moment de partir à Cuba !
Aujourd’hui, le défi pour Cuba n’est plus d’attirer le tourisme mais bien de gérer l’afflux des visiteurs. Depuis l’assouplissement des relations diplomatiques entre La Havane et Washington en 2014, l’île est victime de son succès. Les autorités cubaines ont lancé de nombreux chantiers de construction et de rénovation des infrastructures d’hébergement, mais les résultats ne seront visibles qu’après plusieurs années. Cuba ne fait fasse pour le moment à la demande que grâce aux petites pensions chez l’habitant. Airbnb propose par exemple aujourd’hui 4 000 locations et malgré une connexion internet rare, la plateforme enregistre la plus forte croissance de son histoire sur une destination.
Les incontournables de votre voyage à Cuba
La Havane est une capitale parfois brouillonne mais à l’activité particulièrement bouillonnante. Avec son riche patrimoine et son climat tropical, c’est une cité pleine de vie et de surprises. Cette ville de plus de deux millions d’habitants en bordure de l’océan Atlantique est la plus grande métropole des Caraïbes. Le goût de la célébration et le sens de la fête sont profondément inscrits dans le quotidien des Havanais. De vieilles voitures américaines anachroniques roulent des mécaniques dans les rues de la capitale depuis des décennies. Acheter une voiture neuve est un rêve inaccessible pour la plupart des Cubains, et les vieux véhicules sont incessamment rafistolés. La plupart des Cubains réparent eux-mêmes leur carrosserie. Lors de votre séjour à la Havane, vous aurez besoin d’un bon vieux tacot pour vous rendre à la Habana Vieja, à la plage Malecon, au Musée de la Révolution, au Fort El Morro ou encore au Mémorial José Marti.
Les Cubains ont un grand faible pour la musique et la danse. Vous le constaterez au Tropicana club de la Havane, un cabaret de renommée internationale autour duquel ont été construits des hôtels de luxe et des commerces à destination des étrangers. Les meilleurs chanteurs cubains s’y produisent chaque soir dans un joyeux barnum coloré qui ne dort pas… L’endroit est aussi un vivier de jeunes artistes qui viennent parfaire leur formation académique avant de voler de leurs propres ailes.
Au centre de l’île, dans la partie est de la Baie des Cochons, la Playa Giron offre un décor inspiré de carte postale. Cette célèbre plage cubaine située dans la péninsule de Zapata, terrain de jeu idyllique pour les écotouristes, est d’autant plus singulière qu’elle revêt une importance historique particulière. En 1961, elle se fraiera un chemin dans les manuels d’histoire lorsqu’elle sera le théâtre du débarquement de la Baie des Cochons, tentative d’invasion militaire par des opposants cubains soutenus et armés par les USA. Cette opération fut un échec catastrophique pour le gouvernement de Kennedy, comme le rappelle le tonitruant panneau installé à l’entrée de la Playa Giron ! Outre son attrait historique, cette plage se positionne comme une des destinations phares du nouveau Cuba. C’est accessoirement l’une des plus grandes zones humides du monde, connue pour sa mer tapissée de vert par des algues jalousement récoltées par les soigneurs de la médecine naturelle, très prisés par les touristes occidentaux.
Dans la péninsule d’Hicacos, communément connue sous l’appellation de Paradisus Varadero, une superbe plage de 21 kilomètres de long vous attend avec ses eaux turquoise et son soleil radieux. Farniente sur un transat, dégustation de cocktails tropicaux et artefacts d’un artisanat hauts en couleur… c’est tout ce que vous risquerez dans celle que l’on considère comme l’une des plus belles plages au monde. S’il est vrai que la plage a été assaillie par les touristes depuis que les voyages à Cuba ont repris de plus belle, l’endroit reste un incontournable de l’île, ne serait-ce que pour l’aperçu qu’il offre de la culture cubaine à travers ses musées, bars et concerts de rue.
Si vous êtes plutôt un baroudeur avide de paysages sauvages indomptés, jetez votre dévolu sur la Ciénaga de Zapata… Au menu : des crocodiles cubains, le colibri d’Helen, tortues géantes et autres curieux amphibiens. Ce marais, le plus grand des Caraïbes, est une véritable ode à la biodiversité. Il est d’ailleurs classé comme réserve de biosphère de l’Unesco et fait partie des lieux listés par la Convention de Ramsar. Si vous souhaitez vous adonner aux activités halieutiques, à l’observation des oiseaux ou encore aux randonnées sauvages pendant votre séjour à Cuba, c’est ici que ça se passe.
Les autres points d’intérêt du pays sont Guardalavaca, Holguin, Santa Clara, Cienfuegos, Cayo Largo, Pinard el Rio ou encore Cayo Santa Maria, une petite île de moins de 32 km²…