Après la Guerre de Corée qui a secoué la péninsule au lendemain de la 2e Guerre Mondiale, la Corée du Sud n’était plus qu’un champ de ruines, un foyer de désolation, une nation en deuil. Au milieu des années 1950, la Corée du Sud était le 3e pays le plus pauvre de la planète, juste avant le Soudan. Mais impossible n’est pas sud-coréen.
En à peine 50 ans, le pays a atteint les hauteurs stratosphériques de la prospérité économique, de l’innovation technologique et des prouesses sociales, ce qui lui a valu le surnom flatteur de Dragon Asiatique. Comment ce miracle a-t-il eu lieu alors que le pays est officiellement en guerre depuis plusieurs décennies contre son ennemi septentrional qui le menace constamment d’invasion, agitant dangereusement la carte nucléaire ?
En alliant une politique volontariste et pragmatique à un jeu d’alliance des plus habiles, le pays a su passer outre son sol peu doté en se lançant dans une véritable épopée industrielle. Outre les magnifiques îles insoupçonnées, les cités médiévales à la quiétude inspirante et les temples bouddhistes hauts en couleur, un séjour en Corée du Sud sera également l’occasion de faire le tour des mastodontes de l’industrie lourde qui demeure une fierté pour tous les Coréens.
De Samsung à Hyundai en passant par Daewoo, Kia Motors ou encore LG, ces groupes qui façonnent l’avenir du monde sont les véritables artisans du miracle coréen. Artistes, écrivains, industriels, paysans et religieux ont fait de ce pays 7 fois plus petit que la France une exception qui force l’admiration dans un contexte tendu… Résolument futuristes mais non dénués d’une touche traditionnelle qui fait honneur à son patrimoine historique, le design et l’architecture qui sévissent dans les grands pôles urbains sont des exemples frappants du dynamisme qui anime la Corée du Sud du 21e siècle. Ici, vos vacances en Asie du Nord vireront au 2.0 !
Généralités naturelles et démographiques sur la Corée du Sud
A l’est de l’Asie sur la moitié méridionale de la péninsule éponyme, la Corée du Sud s’étend sur quelque 100 000 km², soit l’équivalent de la superficie de la Bretagne et de la Normandie réunies, ou encore la superficie de la Bulgarie. Avec près de 51 millions d’habitants, la Corée du Sud est le 28e pays le plus peuplé au monde, pour une densité moyenne de 511 habitants au km².
Le pays possède une seule frontière terrestre avec la République populaire démocratique de Corée au nord le long de la zone démilitarisée DMZ. Outre son étendue continentale, la Corée du Sud compte près de 3 000 îles et est entourée de la mer Jaune à l’ouest, la mer de Chine au sud et la mer de l’est. Le relief sud-coréen est marqué par l’omniprésence des montagnes qui constituent près de 70% de ses terres. Le mont Hallasan culmine à 1 950 m sur l’île volcanique de Jeju, à l’extrême sud du pays. Cette dernière s’impose d’ailleurs comme une destination touristique de choix et accueille annuellement plus de 4 millions de visiteurs.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Corée ne s’inscrit pas dans la continuité géologique de ses voisons japonais ou chinois (provinces du Nord) et présente un profil plutôt stable, sans volcans actifs et sans secousses sismiques d’envergure. Le climat est de type Dwa selon la classification de Koppen, ce qui équivaut à des hivers froids mais secs et ensoleillés. Comme son voisin japonais, le sous-sol coréen n’a pas été gâté par la nature, si bien que la Corée du Sud s’impose aujourd’hui comme le 5e plus grand importateur mondial de pétrole avec plus de 2,5 millions de barils par jour, principalement de l’Arabie Saoudite et du Koweït. Bien qu’il soit foncièrement dépendant de cet approvisionnement, le pays a su contrebalancer cette faiblesse en boostant son industrie de raffinage qui jouit d’une capacité cumulée de 3 millions de barils de brut par jour. Près de 19% des terres coréennes sont arables, mais seules 2% font l’objet d’une récolte permanente. Les forêts et les régions boisées accaparent 65% des terres coréennes.
La population coréenne se concentre dans les villes, et les agglomérations de Séoul et Busan comptent une grande partie du foyer démographique du pays. La population coréenne est particulièrement homogène du point de vue ethnique mais aussi linguistique. Les seules minorités significatives sont les Chinois et les Mongols. En raison d’un taux de fécondité parmi les plus faibles du monde (1,23) mais aussi à cause du climat permanent de tension qui caractérise les relations avec le voisin du Nord qui pousse de nombreux sud-coréens à émigrer en Amérique du Nord, on s’attend à ce que la population baisse considérablement pendant le 21e siècle. Les Coréens sont majoritairement chrétiens (31,6%) ou bouddhistes (24,2%), avec toutefois une prépondérance d’athées qui constituent 43,3% de la population. Si le confucianisme n’est que très peu revendiqué (seulement 3% des sud-coréens), il reste omniprésent dans la vie de tous les jours. Par ailleurs, des rites traditionnels rattachés au chamanisme et au Cheondogyo subsistent encore partout en Corée du Sud.

Le miracle économique d’un Dragon Asiatique
A l’instar de Taïwan, de Hong Kong ou de Singapour, la Corée du Sud fait partie du club très fermé des Dragons Asiatiques, expression très en vogue dans les années 1980 pour désigner les nouveaux pays industrialisés d’Asie qui ont suivi, dans ses grandes lignes, le modèle économique du Japon pour se payer le luxe de concurrencer le pays du Soleil Levant sur les industries automobile, électronique ou encore de haute-technologie. Aujourd’hui, ce quatuor n’a plus rien à envier aux pays du Vieux Continent et de l’Amérique du Nord et affiche même un Indice de Développement Humain nettement supérieur à celui des contrées occidentales.
La Corée du Sud est la 13e puissance économique mondiale avec une croissance annuelle moyenne estimée à 3% depuis 2013 alors même que le pays avait été complètement dévasté par la guerre de Corée qui a fait 150 000 morts et plus de 3 millions de disparus. Après cette parenthèse noire, une forte inflation et un chômage aigu ont miné toutes les tentatives du gouvernement coréen pour sortir la tête de l’eau.
Il faudra attendre le coup de pouce salvateur des Américains pour espérer un lendemain meilleur. 70% des importations étaient alors américaines, souvent bon marché. Dans les années 1970, le choc pétrolier et les crises monétaires mondiales n’ont pas arrangé les choses, poussant le gouvernement coréen à concevoir un modèle économique basé sur le développement extraverti et ouvert sur le monde. Pour booster la productivité nationale et promouvoir les exportations, la Corée du Sud se montre aux petits soins avec ses businessmen, leur accordant des crédits très avantageux tout en imposant de nombreuses restrictions aux importations et en sensibilisant massivement sur l’importance de l’effort au travail.
Plutôt que d’importer des biens de consommation, le gouvernement s’est dirigé vers l’achat de matières premières à petit prix pour ensuite favoriser les industries de transformation. En dépit du contretemps de 1997 qui a mis en lumière les faiblesses cachées du modèle de développement sud-coréen, la Corée du Sud a poursuivi pendant les 3 dernières décennies sa marche vers la prospérité avec un PIB de 1,3 mille milliards de dollars et des indicateurs macroéconomiques dans le vert avec toutefois une ombre au tableau : le pays semble particulièrement dépendant de la demande mondiale, notamment celle en provenance de la Chine qui reste le premier client du pays. Cette vulnérabilité se traduit par un impact sur la croissance de 2016 qui devrait passer sous la barre des 3% en raison du ralentissement de l’économie de l’Empire du Milieu. La Corée du Sud est par ailleurs membre du G20, de l’OCDE et du Club de Paris depuis le 1er juillet 2016.
Les incontournables de votre voyage en Corée du Sud
Lors des visites en Corée du Sud, les activités sont nombreuses, mais certains lieux sont tout simplement incontournables. Séoul est la 4e ville la plus riche d’Asie. Gigantesque, frénétique et déroutante avec ses quelque 20 millions d’habitants, la capitale coréenne se répartit de part et d’autres du fleuve Han autour duquel ont été organisés les Jeux Olympiques d’été en 1988. Ce fut alors le déclic que Séoul attendait pour insuffler une nouvelle dynamique à son expansion fulgurante. L’Hôtel de Ville est d’ailleurs une illustration éloquente de ce qu’est devenue Séoul : l’ancienne Mairie est aujourd’hui surmontée d’un immeuble ultramoderne qui ne partage que l’emplacement géographique avec l’ancienne bâtisse, terne et peu reluisante.
Au milieu des manifestations les plus avant-gardistes d’un modernisme assumé, porté entre autres par le World Trade Center de Seoul, le GT Tower East ou encore le complexe multifonction Dongdaemun Design Plaza surnommé « le vaisseau spatial argenté » par le New York Times, Seoul n’omet par de rendre hommage aux anciens. Ainsi, la place Gwanghwamun rend hommage au Roi Sejong, un des héros de la nation à qui l’on doit notamment l’invention de l’alphabet coréen. Derrière la place se dessine l’imposante porte du palais Gyeongbokgung qui était jadis le palais principal de Séoul. Elle est encore aujourd’hui gardée par des soldats habillés et armés comme à l’époque où le lieu abritait le pouvoir central… Votre séjour à Séoul sera l’occasion également de faire du shopping au Myeong-dong, de rendre hommage aux victimes de la guerre de Corée au War Memorial of Korea ou encore de tester les attractions du Lotte World.

La Zone Démilitarisée (DMZ) est en réalité la frontière la plus militarisée au monde. Elle sépare d’est en ouest sur 240 kilomètres les deux pays de la péninsule coréenne. Ici, on fait face au voisin sulfureux du Nord, et les soldats des deux camps s’observent dans un climat tendu. Par le passé, des négociations entre les deux parties avaient lieu au sein des bâtiments des Nations-Unies qui abritent les observateurs onusiens, mais il n’y a quasiment plus de dialogue depuis quelques années, et les tensions se sont quelque peu exacerbées depuis que la Corée du Sud avait accusé Pyongyang d’avoir torpillé l’un de ses bateaux de guerre, causant la mort de 46 marins sud-coréens. Les nombreux touristes qui débarquent à la DMZ lors de vacances en Corée du Sud apprécient ses monuments bucoliques, mais aussi l’incongruité de la situation. Les circuits de Panmunjeom sont ouverts au grand public. Au programme : des montagnes et flancs de collines grouillant de troupes armées jusqu’aux dents, des postes de garde, des tanks, des bunkers ainsi que d’impressionnants engins militaires.
La touche anachronique de votre séjour en Corée du Sud sera assurée par le village historique de Hahoe, à proximité d’Andong. La Corée d’antan vous y attend, intacte, pour un flashback visuel, sonore et olfactif. Ils sont quelque 200 à y vivre en permanence en prenant soin de perpétuer les traditions ancestrales. Vous pourrez même louer un minbak, une chambre dans des maisons privées typiques qui siéront particulièrement aux amoureux du dépaysement.
Si vous êtes un aficionado des immersions historiques plus vraies que nature, vous avez sûrement inclus la forteresse de Hwaseong dans votre petit calepin de voyage. Achevée en 1796 sous les ordres du roi Jeongjo pour rendre hommage à son défunt père mort dans de curieuses circonstances, la « forteresse brillante » de Suwon (à 30 km de Séoul) est une pièce à part dans l’architecture coréenne. Inscrite depuis 1997 au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette bâtisse militaire mêle les styles traditionnels orientaux tout en s’inspirant des codes occidentaux de l’époque en réponse à l’écroulement du front coréen lors de l’invasion japonaise. La forteresse Hwaseong et ses portails majestueux seront à coup sûr un grand moment de votre voyage en Corée du Sud.
Et si vous vous laissiez tenter par l’expérience spirituelle made in Korea ? Au cœur des hauteurs de Sobaek, à proximité de Danyang, le Guinsa redonnera une nouvelle jeunesse à vos sens dans un environnement propice à la relaxation. Ce temple des bouddhistes de l’ordre Cheontae vous invite à une expérience humaine hors du commun : réveil à 3h30 pour une séance de méditation suivie d’un petit-déjeuner de fortune dans un silence de cathédrale. Vous aurez par la suite l’occasion de sillonner les environs, à la quête de la paix intérieure, à mille lieues des tergiversations urbaines de la Corée futuriste…
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